L’invention de l’outil permet à l’homme de travailler le bois et d’en découvrir les vertus, notamment celle de l’isoler du froid et de l’humidité. Son contact, plus chaud que celui de la pierre, contribue à développer son emploi. Les planchers rudimentaires des huttes, des cités lacustres et des planchers de bateaux sont fixés sur des solives, sans emboîtement. Ces épaisses planches grossièrement juxtaposées sont issues d’essences variées en bois dur, mais aussi en résineux, plus tendres et donc plus faciles à travailler.
La notion de parquet semble n’apparaître réellement qu’à la Renaissance.
Au XVIIe siècle, on distingue les planchers des parquets:
-Le plancher est rustique et utilitaire. Il est constitué de planches en bois dur notamment en chêne, particulièrement abondant, et en résineux pour les régions de l’Est de la France. Il est à chants plats pour les plus primitifs et comporte des assemblages à rainures et languettes pour les plus élaborés.
- Le parquet, dit à compartiment, est réservé à l’aristocratie et a un caractère décoratif. Il est composé d’éléments en bois durs, assemblés à tenons et mortaises, ainsi qu’à rainures et languettes. Il évoluera rapidement vers de nombreux autres modèles.
Les Planchers au XVe, XVIe et XVIIe siecle
La principale préoccupation du parqueteur de lepoque consiste à prendre un certain nombre de dispositif visant à lutter contre les’ effets de l’humidité.
Les rez-de-chaussée sur caves voûtées sont pourvus d’un «lit de cailloutage», bien battu pour le rendre ferme, et pr0pre à recevoir une aire en plâtre. Viennent ensuite des lambourdes dont la section ne saurait être inférieure à p0nces sur 4, soit 81 x 108 mm, section pouvant aller jusqu’à 4×6 pouces soit 108 x 162mm.
Ces lambourdes sont scellées au plâtre avec «formes d’augets ». Il est conseillé de poser un lit de mâchefer entre lambourdes, par contre, en étage, les augets doivent être vides, afin de permettre une libre ventilation du parquet.
Lorsque le rez-de-chaussée à parqueter ne se trouve pas sur caves, il est conseillé de construire des murets sur toute la longueur où portent les lambourdes scellées au plâtre, afin de réaliser un vide sanitaire. Le parquet doit avoir une épaisseur comprise entre un pouce et demi, soit 40 mm, et deux pouces, soit 54 mm. Les dépenses entraînées par ces techniques ont dû dissuader un grand nombre de clients de poser du parquet en rez-de-chaussée!
Le plancher au XVIe siècle est presque toujours VISIble de l’étage inférieur. Il est d’une épaisseur minimum de un pouce (27 mm), et conseillé en un pouce et demi. Les planches, parfois pourvues de rainures et languettes, sont fixées directement sur les solives, dans le sens de la longueur, et non perpendiculairement. L’écartement de ces dernières est très faible, la largeur des planches est donc forcément importante. La plupart des planchers de l’époque
sont, soit posés sur les solives, perpendiculairement à ces dernières, soit posés sur des lambourdes de 3 par 3 pouces, fixés sur des tasseaux eux-mêmes disposés sur le côté des solives. Le sens des lambourdes est perpendiculaire
à celui des solives, celui du parquet parallèle.
À la fin du XVIe siècle, la construction des planchers évolue. Le plâtre fait son apparition et le dessous du parquet est caché par la présence d’un plafond. Un lattis, composé de petites lattes de bois résineux est fixé sur le dessus des solives. Il est destiné à recevoir l’aire en plâtre, d’une épaisseur d’un pouce. Le lit de plâtre qui recouvre l’ensemble de la surface recevra les lambourdes de SOxSO mm, scellées au plâtre avec «forme d’augets ».
Leur direction est perpendiculaire à celle des solives. Lorsque la hauteur sous plafond fait défaut, les lambourdes sont fixées sur les solives, l’aire en plâtre prend place entre les lambourdes. Cette technique est toutefois considérée
comme moins solide par Roubo, (l’Art du Menuisier, 1769).
L’écartement des lambourdes est généralement limité à l pied (0,324 m) d’axe en axe. Cependant, la pose des parquets à compartiments, ou en « feuilles », oblige à régler l’écartement des lambourdes en fonction de leurs dimensions. Le côté ou la pointe des panneaux doit porter sur une lambourde. Un solin en plâtre, perpendiculaire au sens des lambourdes (chaînage), est réalisé pour éviter tout déplacement de ces dernières. Les planches ou ais, façonnées à rainures et languettes ont une épaisseur de l à 2 pouces. Leur largeur est variable, allant de 2 à 9 pouces maximum (54 à 243 mm). Les planches sont disposées côte à côte, d’une même longueur de 2 mètres linéaires ou plus, elles sont alignées par travée. Elles sont emboîtées entre elles aux deux bouts. Roubo considère qu’une frise intermédiaire, disposée en sens contraire, entre deux séries de planches, rend l’ouvrage plus solide.
Une lambourde doit toujours être disposée au bout de chaque série de lames.
Les parquets du XVIIe et XVIIIe siècle
- Les parquets à point de Hongrie
Les parquets à point de Hongrie font également leur.apparition au XVIIe siècle. Une frise parfois intercalée entre chaque travée, nécessite la présence de deux lambourdes côte à côte pour soutenir les joints. Cette frise intermédiaire participe à la notion de compartiment. La fixation de tous les parquets s’effectue à l’époque par le dessus des lames et panneaux, au moyen de pointes en fer forgé, avec ou sans tête, suivant le cas. On trouve encore aujourd’hui des panneaux anciens pourvus de ces clous.
- Les parquets à la Française
Au XVIIe siècle apparaissent les parquets à panneaux de Versailles, Chantilly, Aremberg, dits aujourd’hui panneaux à la Française. Ceux-ci se développeront largement au XVIIIe, recouvrant les sols des salles de réception de la plupart des châteaux et des hôtels particuliers de l’époque. L’élégance de ces panneaux et le cadre fastueux des pièces dans lequel ils sont posés font du parquet un élément de décor incontournable des différents styles classiques français, en particulier les styles Louis XIV, Louis XV et Louis XVI. De nos jours, ces parquets, fabriqués en bois neuf ou mieux, avec des bois anciens, sont toujours exportés dans le monde entier.
Au XVIIIe siècle, il est d’usage de « compartimenter » la surface parquetée. Les parquets en feuilles (panneaux), sont ainsi encadrés de frises. Les plus anciennes ont une longueur égale à deux côtés de panneaux plus une largeur de frise. Une autre méthode, plus récente, consiste à réaliser des frises en pointes de diamant, jugées cependant moins solides que les premières. Petit à petit, les frises intermédiaires disparaîtront.
Les panneaux sont toujours axés dans les pièces par rapport à la cheminée. Ils sont posés, soit en diagonale, soit de façon orthogonale. Leur dimension varie avec celle des pièces où ils sont installés.
La cote de trois pieds (0,974 m) finira par prédominer, elle est de nos jours de 1mètre. Les panneaux Versailles, plus répandus, et les panneaux Chantilly, sont parfois alternés. Une frise (simple lame), ou un encadrement à compartiments (ou encadrements), est réalisé en pourtour des pièces d’apparat, à l’aplomb des corniches du plafond. Les ébrasements « à compartiments », dans l’épaisseur des murs où se trouvent portes et fenêtres, sont dessinés à la demande.
Les parquets marquetes
À partir du XV· siècle, et notamment à l’époque de Louis XIV, on trouve quelques réalisations de parquets marquetés encore visibles de nos jours. Ce sont généralement des compositions qui accompagnent l’architecture des pièces d’apparat et organisent leur surface, rehaussant les centres d’intérêt par des éléments forts, souvent centraux comme des rosaces. L’ensemble du dessin définit les axes principaux des pièces, à partir desquels est disposé le mobilier. Ces pièces, uniques, conçues pour se conjuguer à un décor donné, sont composées de bois de différentes essences: chêne, sycomore, orme, loupe d’orme et bois précieux comme le palissandre, l’ébène ou l’acajou.
L’apogée de l’art du parquet sera atteint au XIX· siècle par les stupéfiantes réalisations russes, visibles dans certains palais, comme par exemple le palais de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg. Ces oeuvres somptueuses, riches et variées, sont toutefois extrêmement chargées et ne correspondent plus aux goûts actuels, plus sobres. La mode des parquets marquetés, appelés panneaux suisses, reprendra au XIX· siècle, au cours de l’Empire, sous Charles X, puissous Napoléon III, très fréquemment sous forme de panneaux de dimensions variant de 0,30 à 0,70 m. Ils sont souvent constitués de dessins identiques.
Parfois différent d’un panneau à l’autre, le caractère complémentaire de leur dessin trace une composition plus ample,intéressant quatre panneaux à la fois. Les pièces sontpresque toujours encadrées de bordures également marquetées, la plupart du temps composées de grecques.
Le scellement au bitume
Le XIxe siècle voit naître une nouvelle et astucieuse technique à base de bitume, matériau de scellement et d’étanchéité. Elle est utilisée en rez-de-chaussée des bâtiments exposés aux remontées d’humidité. Le bitume se présente sous forme de pain de 22kgs qu’il convient de faire fondre avec 5% de brai gras de houille. L’opération s’effectue sur chantier. La première tâche du parqueteur est de mettre en chauffe la chaudière à bitume, alimentée par un feu de bois, qui sera remplacé ultérieurement par le gaz butane. Le parqueteur y enfourne quatre ou cinq pains de bitume, plus le brai correspondant (5 kgs environ), qu’il faut laisser fondre, en deux ou trois heures.
Avant que la chaudière ne porte son contenu à ébullition, le parqueteur épand directement sur la terre battue ou sur une couche de mâchefer, une forme en sable mouillé, sur laquelle il dispose de niveau les lambourdes qu’il tasse.
Une louche à long manche est utilisée pour remplir les seaux de bitume bouillant que le compagnon fera couler dans l’empreinte des lambourdes retirées. Ces dernières retrouvent rapidement leur place initiale avant refroidissement du bitume pour le scellement.
Le parqueteur arrondi légèrement la forme en sable entre les lambourdes et la recouvre d’une couche de 5 mm d’épaisseur de bitume, coulée au seau et réglée à la spatule.
Trois à quatre chaudières peuvent fournir en une journée le bitume nécessaire au scellement d’environ 120m de lambourdes représentant une surface de 50 m2
Le bitume sera utilisé au « collage en plein » des lames de parquet à bâtons rompus de 34 mm d’épaisseur à queue d’aronde directement scellé sur le sable, sans lambourdes.
Avant que les colles épaisses ne fassent leur apparition, de nombreux logements des années 1950 comportent des dalles en béton brut. Les lambourdes sont alors calées et collées au bitume.
Cette technique, intéressante du point de vue de l’étanchéité, est tombée en désuétude en raison de la disparition de l’unique fabricant de bitume dans les années 1980. Elle aurait de toute façon dû être abandonnée en raison des risques pulmonaires qu’elle faisait courir aux ouvriers, ainsi qu’au danger lié aux brûlures que pouvait entraîner une simple maladresse de manipulation de cette matière en fusion.
Les parquets industriels des XIxe et xxe siècles
L’utilisation massive du parquet a débuté, avec le passage au travail mécanique, dans la deuxième moitié du XIxe siècle. L’énergie des premières scieries est fournie par des machines à vapeur qui font tourner des outils encore rudimentaires et imprécis. Le parquet est une activité complémentaire des scieurs, dispersés dans les régions boisées. Ils fabriquent de façon artisanale des lames de parquet, non interchangeables d’une fabrique à l’autre, d’épaisseurs variables, aux emboîtements incertains, trop lâches ou trop serrés, aux désaffleurs importants qu’il faut reprendre lors du rabotage. C’est dans ces conditions difficiles pour les entreprises de pose que commença le développement du parquet en lames, de fabrication semi-industrielle. Des applications à grande échelle pour l’époque furent réalisées dans l’habitation bourgeoise du Paris de la fin de XIxe siècle et début du XXe.
L’industrialisation ne commencera véritablement qu’à partir des années 1920, avec l’extension des réseaux de distribution du courant électrique. L’invention des outils de grande production, comme les quatre-faces, rendront la fabrication des lames plus précise.
Le point de Hongrie sera le parquet Haussmannien par excellence. On le trouve dans la plupart des pièces de réception des appartements de luxe. Sa sobriété, son graphisme sobre et élégant, les jeux de lumière sur les travées de lames, rythmant la surface des pièces et appuyant la perspective, en font un parquet très apprécié encore de nos jours. Chaque pièce est composée de travées toujours implantées par rapport à la cheminée, élément fondamental de l’architecture intérieure. Dans les chambres, en fonction des moyens dont disposent les clients, on trouve, soit le même parquet, soit, comme dans les espaces de circulations, un parquet à l’Anglaise.
Avec la construction métallique, la compositIOn des planchers évolue. Ils sont constitués de poutrelles métalliques disposées tous les 0,70 m, et de hourdis en plâtre ou en brique. La lambourde est toujours perpendiculaire à la direction des fers et scellée au plâtre, avec solins et formes d’augets. La pose des lambourdes est réalisée par des lambourdiers qui règlent et arrêtent par de petits scellements ponctuels les lambourdes à bonne hauteur et à écartements déterminés à l’avance pour chaque pièce, en fonction du type de parquet prévu. Les scellements définitifs au plâtre sont faits par les maçons. Cet ouvrage devra sécher pendant plusieurs semaines voire plusieurs mois avant que les parqueteurs ne puissent intervenir.
Ils vont découvrir un lambourdage souvent mal réglé en hauteur, parfois trop bas, qui les conduit à poser des petites cales en bois sous les lames de parquet, au fur et à mesure de leur pose. Les cales servent également à relever le niveau du centre de la pièce. Cette opération pratiquée depuis le XVIIe siècle, appelée «bouge», corrige la déformation du plancher qui, avec le temps, va fléchir de façon sensible dans les surfaces les plus éloignées des points d’appui, à savoir la partie centrale des locaux. Ce sont ces opérations de calage qui expliquent l’instabilité et le grincement des lames de parquet, dans les nombreux immeubles de l’époque. Les lames sont alors fixées par clouage invisible, en rainure à Paris, en languettes en Province. Puis interviennent les raboteurs qui travaillent au racloir. Leurs mains sont incroyablement déformées, caleuses et nouées par l’effort. C’est à eux que revient la tâche decorriger les imperfections dûes à l’usinage des lames ainsi qu’aux effets parfois désastreux de l’intervention des différents corps de métiers. Immédiatement après, le parquet est protégé par une première couche d’encaustique.
Organisation et développement de l’industrie du parquet
C’est durant la première moitié du XXe siècle, non sans mal, qu’un peu d’ordre sera mis dans l’anarchie des fabrications. La Chambre Syndicale Parisienne de Menuiserie et Parquet va proposer la création d’un bouvet commun aux différents fabricants. L’assemblage à rainures et languettes sera concrétisé par la fabrication d’un étalon, mis au point en collaboration avec le Conservatoire des Arts et Métiers. C’est ce qu’on appellera le Bouvet de Paris, qui sera repris plus tard par l’AFNOR, qui le normalisera. À la veille de la première guerre mondiale, le Bouvet de Paris n’est utilisé que par quelques fabricants. Ce n’est qu’en 1951 qu’une véritable harmonisation prendra corps avec la première norme de fabrication. Un long « combat» sera mené, parallèlement à celui de la fabrication, pour l’harmonisation des classements d’aspect des lames de parquet, appelés « choix».
La profession ira jusqu’à proposer vingt choix de parquet différents. Le séchage des bois constitue une seconde difficulté. Les frises à parquet sont empilées en extérieur pour être séchées à l’air pendant une période de six mois. En période humide, les taquets d’empilage sont plus épais qu’en saison sèche, afin de permettre une meilleure ventilation. On complètera le séchage naturel du bois qui se stabilise entre 17 et 20 % d’humidité, par un séchage artificiel, réalisé dans des cellules chauffées par vapeur sèche et vapeur humide au moyen de radiateurs alimentés par une machine à vapeur. Ce séchage est empirique, car il est très difficile de mesurer l’hygrométrie des bois. Cette imprécision entraîne évidemment d’importants désagréments sur chantiers, où certains parquets se retirent alors que d’autres gonflent. Dans les années 1950, une meilleure maîtrise des cycles de séchage sera acquise.
Les techniques qui ne cessent de progresser rendent cette opération plus fiable en évitant toute dégradation du bois (déformation ou gerces) et en améliorant l’homogénéité et la précision de l’hygrométrie du parquet. Elles permettent aussi de raccourcir la durée des cycles de séchage. Le Centre Technique du Bois (CTB), créé en 1952, va contribuer à la normalisation des fabrications, à la définition des choix de parquets, ainsi qu’à l’amélioration des techniques de séchage et de préservation des bois. Devenu plus tard le Centre Technique du Bois et de l’Ameublement (CTBA), cet organisme a su fédérer les principaux producteurs, en leur apportant assistance technique, conseils et informations.
Il a aussi créé des certifications de qualité (ce qui implique un contrôle de la conformité des fabrications). Un centre d’essais permet de tester la bonne tenue et la stabilité des parquets, la résistance des vernis, les performances acoustiques des isolants, etc. Le CTBA préside à l’élaboration des normes de fabrication et de mise en oeuvre, avec le concours des professionnels et du Bureau de Normalisation du Bois et de l’Ameublement. L’ensemble de ces normes est publié par l’AFNOR (Association Française de Normalisation) créée en 1926.
Le parquetteur
Le mot parqueteur désigne communément celui qui pose le parquet et non celui qui le fabrique. L’entrepreneur possède un atelier artisanal où il transforme les lames de parquet achetées aux fabricants suivant les besoins du chantier. Compte tenu du développement du marché, les ouvriers parqueteurs sont nombreux et fortement syndiqués à la fin du XIxe siècle. Le siège de leur syndicat est à la Bourse du Travail, où ils se réunissent. Ils obtiennent des patrons, affiliés à la Chambre Syndicale de Menuiserie et Parquets, un accord portant sur l’application d’un tarif syndical pour les travaux de parquetage. Ce tarif chiffre l’ensemble des tâches pouvant être accomplies par le parqueteur. Chaque article est discuté par une commission paritaire. L’ensemble des tarifs doit faire l’unanimité des membres de la commission. Périodiquement, une nouvelle édition du tarif est publiée. Il est actualisé chaque année suivant l’évolution du coût de la vie, publiée par le Ministère du travail. Ouvriers et patrons sont particulièrement attachés à ce mode de rémunération qui offre de nombreux avantages. Les ouvriers perçoivent un salaire beaucoup plus élevé que s’ils étaient payés à la journée. Leur salaire est justifié par un travail effectif en rapport avec sa qualité. Le principe du travail au rendement est source de conflits. L’encombrement des aires de travail par les autres corps d’état ou bien les malfaçons dans le scellement des lambourdes ou le retard, dans la pose d’éventuelles cheminées, sont autant de freins à la production qui pèsent sur les gains. Cependant, les avantages de ce système de rémunération sont prédominants. De nos jours, de nombreuses entreprises intéressent leur personnel de production en pratiquant, en accord avec lui, le travail au rendement. Cet accord assure un meilleur revenu, en rapport avec le travail accompli.
Le parquet mosaïque
La naissance du béton armé a révolutionné le bâtiment, et entraîné la création d’un nombre important de nouveaux matériaux adaptés aux exigences de cette nouvelle technique de construction. La Société Noël invente après la première guerre mondiale, un parquet de conception nouvelle, appelé parquet mosaïque. Ce parquet portera pendant longtemps le nom de son inventeur. Les premières applications datent des années 1920, elles atteindront le chiffre de l million de mètres carrés en 1957, puis 4 millions en 1962 ! L’idée est révolutionnaire. Elle rationalise l’usinage de la frise à parquet, en utilisant les coursons, à partir d’une longueur de 150mm, et en réduisant l’épaisseur des lamelles à 8mm. Cette technique multiplie par trois la quantité de parquet produit pour un volume égal de frises. Ceci en préservant l’épaisseur de la couche d’usure de 7mm après ponçage. Sur chantier, ce parquet mince permet de gagner de la hauteur, en réduisant l’épaisseur de réservation, souci majeur des constructeurs. Sa pose est rapide, grâce au pré-assemblage des lamelles sur papier, en dalles de 0,25m2 environ. La dimension réduite des éléments lui confère une meilleure stabilité que les parquets en lames. Il est très bon marché. Ce progrès n’est évidemment rendu possible qu’à la condition que ce parquet puisse être collé, poncé et protégé. La première technique de collage date des années 1930. Il s’agit du ciment magnésien, mélange de chlorure de magnésie, de ciment, de sable et d’eau. Le parquet est rainé en sous-face pour offrir une meilleure accroche de la colle. Le ciment magnésien a été abandonné lorsque les premiers chauffages par le sol sont apparus. On s’est rapidement aperçu que les tuyaux métalliques étaient corrodés par ce système de collage et risquait de provoquer des inondations.
Les années 1950 voient l’apparition de la colle blanche en solution aqueuse, l’acétate de vinyle. Tous les parquets mosaïque sont désormais fixés avec cette colle. D’utilisation facile, son seul défaut est de renfermer beaucoup d’eau et d’être en conséquence sensible au gel. Le rabotage, exécuté à la main jusque-là, n’était plus réalisable sur le parquet mosaïque. On passa donc au ponçage mécanique, effectué à la ponceuse électrique ou à moteur à essence. Sans cet outil arrivé à point nommé, le parquet mosaïque n’aurait pu être fini. Les premiers vernis arrivent des pays scandinaves. La société Saint-Gobain crée les vernis urée formol. Les énormes quantités de parquet demandées pour la reconstruction vont multiplier le nombre de fabricants : Noël, Cavois, Dreux, Parkex, Montbertrand, Pastural, etc. Certains se spécialiseront dans la production des parquets mosaïque. Pour abaisser les coûts, ces fabricants décident, les uns après les autres, d’offrir au marché un produit posé. Pendant trente ans, la concurrence sera dure, et mènera ces «fabricants poseurs», avec la lente désaffection de la clientèle pour ce produit, à l’abandon de leur activité. Dans les années 1970, on préfère au parquet, la moquette et les tapis aiguilletés qui règlent à bon marché le problème de l’isolation phonique au bruit d’impact entre étages. La prolifération des parquets mosaïques a lassé les amoureux du bois, qui veulent retrouver un parquet unidirectionnel, tout simple, qui rappelle les parquets massifs, même s’ils sont collés. Une solution est trouvée avec la lame-parquet, en planchettes de 10mm d’épaisseur, dont la consommation dépasse maintenant celle du parquet mosaïque.
Les parquets contrecollés
Il faut mettre en évidence l’importante découverte, faite en Suède par Gustave Kahrs en 1943, du principe des parquets contrecollés, dont le développement aura été retardé par la guerre. Il y a probablement une certaine logique à ce que cette nouvelle technique de fabrication des parquets ait été mise au point dans un pays nordique, où les bois résineux sont extrêmement abondants, et les bois feuillus, le chêne en particulier, en faible quantité. Parquet à l’Anglaise contrecollé à pose flottante (document Briatte). La conception de la lame contrecollée fait en effet la part belle au résineux, pour une faible épaisseur de bois feuillu qu’il leur faut importer. Les pays nordiques resteront les leaders de ce type de parquet, devenu avec sa finiton vernie en usine, le premier parquet posé en Europe, et de loin. Rappelons que 80% des parquets consommés en France sont des contrecollés.